Dépression du sujet âgé

CHIFFRES ET DONNÉES CLÉS

25%

taux de dépression des + de 65 ans

1/3

des 12 000 morts par suicide/an en France concerne les personnes de plus der 65 ans

40%

des résidents en institution seraient déprimés et 20 % en institution hospitalière.

La dépression est donc très fréquente chez les personnes âgées, mais elle est trop souvent mésestimée et sous diagnostiquée. L'expression sémiologique est particulière, et l'attitude médicale face aux personnes âgées peut perdre en objectivité.

Depuis la classique « dépression masquée », les conceptions actuelles confirment les particularités de la dépression du sujet âgé.

Plutôt que la clinique, ce sont surtout la présentation et l'expression somatique qui prédominent.

LES SYMPTÔMES

Les trois signes majeurs sont l'asthénie, les troubles du sommeil et les troubles de l'appétit. Les plaintes subjectives psychiques comme la tristesse, la souffrance morale et l'envie de mourir sont au second plan. C'est l'interrogatoire et l'examen clinique qui devront les rechercher.

Chez le sujet âgé, les plaintes sont fréquemment diffuses et les pathologies multiples. Le diagnostic positif et le diagnostic différentiel sont plus complexes en gériatrie. Penser systématiquement à la dépression chez le sujet âgé, doit devenir un réflexe dès la consultation initiale.

Le risque suicidaire est majeur : surtout les hommes, en milieu rural, au domicile.

Cinq signes évocateurs : l'isolement social, le tempérament impulsif, l’alcoolisation, la dépression, l’hostilité. L’interrogatoire doit donc évaluer les idées de suicide et contrairement à ce que l'on pense, les personnes âgées répondent facilement à cette question. Une hospitalisation en milieu gérontopsychiatrique spécialisé peut permettre d'éviter un passage à l'acte.

Le traitement de la dépression chez le sujet âgé utilise les antidépresseurs de première intention. Le délai d'action est cependant plus long chez les personnes âgées, savoir attendre jusqu'à 6 à 8 semaines.

Ils peuvent induire une hyponatrémie. L’association aux benzodiazépines à visée anxiolytique reste d’actualité, mais le risque de chute se majore. En gérontopsychiatrie en particulier, le traitement médicamenteux doit être commencé à posologies faibles, augmentées progressivement : « Start low and go slowly ».

Devant une dépression mélancolique et résistante aux médicaments, la sismothérapie garde toute sa pertinence, dans un cadre strictement hospitalier.

La prise en charge institutionnelle en gérontopsychiatrie est pluridimensionnelle ; psychothérapie, orthophonie, ergothérapie, art-thérapie, kinésithérapie et approche corporelle, rééducation à la vie quotidienne et stimulation cognitive, concourent à l’amélioration du patient.

En conclusion, le médecin doit toujours penser à la dépression devant une asthénie avec troubles du sommeil et de l'appétit chez une personne âgée.

CONSEILS ET PRÉVENTION DE LA DÉPRESSION DU SUJET ÂGÉ

S’ils sont seuls, les gens âgés ont tendance à ruminer et à se rendre prisonnier de leur passé. 

Pour s’en sortir, il faut sortir ! La culture, les lieux de rencontre, les voyages, les associations, l’université du 3ème âge, la découverte de la nouveauté permettent d’entretenir la stimulation. Ils constituent des tuteurs de développement, dont les gens âgés aussi ont besoin comme les jeunes enfants.

Tout n’est pas joué à 80 ans. Anna FREUD comparait la vie à une partie d’échecs : "les premiers coups sont très importants, mais tant que la partie n’est pas terminée, il reste de jolis coups à jouer".

En France, 10 millions de personnes dépassent 65 ans, dont 4,6 millions ont plus de 75 ans. Cela représente 13,5 % de la population française.

Les projections pour 2030 évoquent une multiplication par 3 des personnes de plus de 75 ans et une multiplication par 4 des plus de 85 ans.